(RSS)" href="/index.xml" /> Chauffeur-livreur

Chauffeur-livreur

 

 

 

 

TOPGEL s.a.

engage immédiatement à Bruxelles

Un délégué commercial

Statut employé ou indépendant

Temps plein

Une bonne expérience dans la vente est indispensable.

De même qu’un sens des responsabilités,

une présentation impeccable, du dynamisme,

de l’esprit d’équipe et de la bonne humeur.

 

Envoyer CV avec photo par email de préférence à

TopGel@job.com

Tel : 0486/99.26.84

 

 

Ça a foiré comme d’habitude. Je suis arrivé à l’avance. Une secrétaire rousse m’a fait entrer dans un petit local. « Asseyez-vous, Monsieur Édouard va arriver ! » elle m’a dit.

 

Le local est clean, lumineux, ça fait penser à une petite salle de réunion. Un distributeur Coca-Cola trône dans un coin. Il y a une petite table ronde et quatre ou cinq chaises autour. Je ne m’assois pas tout de suite.

J’observe sur les murs bien blancs de petites affiches publicitaires, anciennes et récentes, représentant des glaces et d’autres produits surgelés que fournit la petite entreprise.

Il y a aussi des photos (bien encadrées) de camions de la société, des antiquités jusqu’aux plus nouveaux. La société TopGel a été créée après la guerre par « des pionniers de la crème glacée en Belgique », je lis cette phrase en feuilletant un petit livret qui se trouve sur la table.

J’attends pas tant que ça, déjà c’est bien.

Monsieur Édouard arrive, il s’assied en face de moi, une bonne trentaine, le cheveu court, habillé décontracté – un polo et une petite écharpe autour du cou – moi je suis en chemise blanche et veston noir (heureusement j’ai tenu bon sur la cravate que Sylvie voulait que je mette).

 

Il est assez speed, on voit qu’il a envie que ça soit vite expédié. Ça me rend nerveux. J’essaie de dissimuler mon stress (j’ai lu dans un bouquin sur « Comment réussir son entretien d’embauche » qu’il ne faut pas montrer son stress) mais bon. De toute façon il n’a pas l’air d’un directeur du personnel non plus.

– André Doucet ! C’est ça ?

– Euh non Alain… Alain Doucet.

Il farfouille les quelques feuilles qu’il a devant lui et finit par sortir mon CV.

– Ah oui… c’est pour un poste de délégué commercial, vous avez de l’expérience ?

– Ben euh… c’est-à-dire que… comment dire… oui j’ai fait quelques boulots dans ce domaine, mais j’ai surtout fait les marchés pendant près de 15 ans, même 20 quand je travaillais avec mon père alors j’ai une certaine expérience du commerce…

– Pourquoi avez-vous arrêté les marchés ?

– Ben c’est-à-dire qu’on m’a volé mon camion alors…

Il me regarde une seconde avec des yeux humides, un regard qui dit Et ben mon vieux ça c’est pas de bol et soudain il rebondit :

– Mais alors vous avez un permis camion ?  

– Ben euh… oui.

– Nous cherchons activement des chauffeurs-livreurs ici ! Ça vous intéresse ?

– Euh… C’est-à-dire que je…

– Ce n’est pas vous qui chargez les camions ; on vous donne une feuille de route ; vous faites en moyenne 8 heures par jour (sauf si vous devez patienter parfois dans certaines centrales de supermarchés) ; ça paye grosso modo 1500 € par mois ; les heures sup’ vous les avez en récup’ ; dans un premier temps comme on livre toute la Belgique et même le Luxembourg vous ferez diverses régions mais après vous pourrez obtenir votre propre tournée ; 3 mois d’essai ! CDD dans un premier temps. Eh bien voilà en gros et si vous voulez vous pouvez commencer demain ! Vous avez des questions ?

– Ah bon ! Mais ce sont de gros camions ?

– Y a les deux, nous livrons aussi par palettes des sociétés, des hôpitaux, des prisons, des centrales de supermarchés comme Toro ou Rond Point ; mais il y a aussi des tournées avec restos, night-shops, épiceries, cantines, etc.

– Euh c’est parce que je n’ai pas trop l’habitude de rouler en camion en fait, j’ai le permis parce que…

– Écoutez ici y a du boulot ! Alors si vous voulez vous pouvez commencer demain !

Monsieur Édouard est déjà debout. Pour lui l’entretien est terminé. Pas un mot concernant le délégué commercial.

– Je dois quand même réfléchir, je suis sur d’autres propositions de boulot (c’est faux), je lâche in extremis.

– Normal ! Alors peut-être à bientôt !    Poignée de mains. Salut.

 

Je reste encore assis là, seul, très seul, dans ce petit local clean et lumineux.

Quelques secondes.

Elles me paraissent longues.

 

 

 

Sylvie n’hésite pas. On n’a pas le temps et surtout pas les moyens de réfléchir. Je suis sans boulot. Je n’ai même pas droit au chômage, je suis resté indépendant trop longtemps.

 

Il me faut bosser au plus vite. Nos réserves s’épuisent. Et ça fait plusieurs semaines que je vais d’entretien en entretien et de « Pas assez d’expérience ! » en « Pas assez d’expérience ! »

Faut dire que je n’ai qu’un minable diplôme d’aide-comptable (et je n’ai jamais su lire un bilan) et en fait d’expérience, à part les marchés j’ai pas fait grand-chose. Des boulots à la con. Pourtant mon père m’a toujours dit « Quand tu sais faire les marchés tu sais tout faire ! » Mon père je l’adorais, mais parfois il pouvait dire de ces conneries…

D’après Sylvie, 1500 € par mois pour quelqu’un comme moi c’est inespéré (« attention ! 1500 grosso modo en moyenne il m’a dit » j’ai précisé), et ce n’est pas mes quelques minables prestations artistiques exceptionnelles – je suis aussi comédien – qui vont nous tirer de là.

J’adore la qualité des femmes : être directes et convaincantes. C’est sûr que, si elle avait passé l’entretien avec moi, je serais déjà en train de rouler comme chauffeur-livreur.

 

On est jeudi mais j’ai quand même décidé de commencer lundi, histoire de me préparer psychologiquement à ce nouveau boulot. J’appelle donc Monsieur Édouard. Je tombe sur la rousse secrétaire (je la reconnais à sa voix traînante), elle n’a pas l’air très dégourdie. Après m’avoir fait patienter avec les Quatre saisons de Vivagel dans l’appareil, elle me dit qu’il est introuvable !

« Réessayez plus tard » elle lâche avec cette voix qui irrite tout autant que les quat’ saisons de machin. Après deux ou trois essais sans succès, la secrétaire me file direct le numéro de GSM de Monsieur Édouard.

« Bordel ! C’est quoi cette boîte ! » Je commence à gamberger… je suis plus trop chaud pour aller bosser là-bas et j’en fais part à Sylvie. «Téléphone sur son GSM ! Et puis essaye lundi et tu verras bien ! Merde ! Tu m’énerves à la fin ! » Direct. Clair et Précis.

– Allô Monsieur Édouard ? C’est Alain Doucet… pour la place de chauffeur-livreur vous vous souvenez de moi ? On s’est vus ce matin… Eh bien c’est ok, si vous voulez je commence lundi parce que demain j’ai des choses à…

– Ok bien ! À lundi !

– À quelle heure ? Monsieur Édouard ? Monsieur Édouard ?

Il a raccroché ! Je refais le numéro ! Répondeur ! Merde ! « Euh voilà Monsieur euh… c’est de nouveau Alain Doucet, c’est pour savoir à quelle heure je dois être là lundi. Merci. Au revoir. » Il ne me rappelle pas. J’arrive à le joindre vers 8 heures du soir pour m’entendre dire « Euh 7 heures… oui 7 heures c’est bien ! »

Bordel ! C’est quoi cette boîte ?

 

 

Je suis arrivé un peu à l’avance. Je voulais éviter les bouchons sur le ring de Bruxelles. En plus j’avais quand même près de 60 km à faire ; avec ma vieille bagnole j’en avais pour 40 minutes. Je me suis toujours dit « faites que je trouve pas un boulot sur la capitale ! C’est loin, c’est stressant et y a trop d’embout’ ! » Bingo ! J’ai trouvé un boulot sur la capitale.

C’est lundi. Il pleut un peu (en plus). Un reste d’orage.

Il n’y a encore personne. J’attends dans ma voiture là sur le petit parking.

Je grille une cigarette.

 

Il y a Bob Dylan à la radio lay, lady, lay, lay accross my big brass bed

Je regarde le drapeau TopGel qui flotte au vent.

Gérard arrive vers 7h30. C’est le magasinier qui ouvre le lundi.

– Salut ! Tu es le nouveau ? Albert, c’est bien ça ?

– Alain… Alain Doucet. Le gars est jovial et décidé. Il fait très jeune, cheveux hirsutes et boucle d’oreille, la dégaine cool. Il a plus le look d’un leader de groupe de rock que d’un magasinier. Il me fait faire le tour du propriétaire (un grand entrepôt, un petit réfectoire et deux immenses chambres froides où la température avoisine les -30° ! « Eh bien les gaillards qui travaillent là-dedans à longueur de journées » je soupire. « Question d’habitude » me répond Gérard).

C’est une petite entreprise : une quinzaine d’ouvriers (dont plus ou moins huit chauffeurs ; cinq ou six magasiniers et frigoristes) et une petite dizaine d’employés (comptables, représentants, secrétaires dont la rousse qui s’appelle Myriam, je l’apprendrai plus tard). Il y a aussi Monsieur Édouard, le neveu du Big Boss, Édouard c’est son prénom et son nom c’est Crame. Il est directeur du personnel, dispatcher, et aussi quelques autres fonctions diverses. C’est familial. Le fils du patron travaille aussi dans la boîte, il est administrateur-délégué et directeur commercial, il s’appelle Pierre-Louis Crame Junior. C’est déjà la troisième génération je crois. La boîte existe depuis près de soixante ans. L’aïeul (le pionnier) était l’inventeur du frisco après la guerre.

 

On entre dans un petit bureau, l’endroit où tous les chauffeurs et le dispatcher se retrouvent.

 

« Le lundi c’est cool rassure-toi » me dit Gérard. Il a remarqué que je suis tendu. Il trifouille des papiers sur le bureau. Il commence à s’énerver « Mais le lundi c’est toujours un peu le bordel comme tu vois, c’est pas moi qui ai fermé vendredi soir alors… bon je sais qu’il y a un bahut qui doit passer au contrôle technique mais lequel… Oh et puis Merde ! On va attendre Édouard, viens on va boire un café ! »

 

Les autres chauffeurs arrivent un par un, ils viennent prendre les clés de leur camion, accrochées dans un petit coffret. Certains me saluent, d’autres ont un petit mot, et seulement un ou deux m’ignorent. Ils ne détonneraient pas dans le casting des « 12 Salopards ».

Puis je retourne de nouveau seul dans le réfectoire ; un bon moment à attendre. Toujours pas de Monsieur Édouard ! J’en suis à mon troisième café – ou quatrième je compte plus. Je commence à avoir les nerfs dans un sale état. Il doit être huit heures et demie.

Gérard passe sa tête « T’as vu Pierre ? Va le voir c’est lui qui donne les infos pour les contrats de travail ! » Je voudrais lui demander de quoi, de qui il s’agit mais il est déjà loin. Je m’aventure donc dans les couloirs de la société (bah ce n’est pas si grand que ça). Je passe devant deux bureaux vides, je rentre dans le réfectoire des employés (et ben ! c’est autre chose que celui des ouvriers !). Je finis quand même par croiser quelqu’un, une fille un peu replète avec un énorme chignon. « Bonjour je suis nouveau, je dois voir Pierre vous savez où il est ? » Elle me regarde comme si je débarquais de Mars avec des palmes et un tuba. « Quel Pierre ? Il y a Monsieur Pierre, le patron et Pierre Jr » elle me dit, avec un fort accent néerlandophone.

 

Tout d’un coup je m’imagine en train de ne pas lui répondre, sortir du bâtiment, monter dans ma bagnole et foutre le camp. Il fait chaud et le surplus de caféine n’arrange rien.

 

– De toute façon je crois qu’ils ne sont pas là tous les deux, elle me dit.

– Mais c’est pour mon contrat…

– De toute façon pour les nouveaux, c’est l’agence intérim qui règle ça dorénavant. Vous devez voir ça avec Myriam, c’est le premier bureau à l’entrée.

– Merci, au revoir et bonne journée.

– Oui au revoir.

Elle s’engouffre dans les toilettes.

Myriam est la secrétaire qui m’a reçu le jour de mon entretien, elle ne me reconnaît pas ou elle fait semblant. Elle n’a pas l’air loquace, mais elle est bien foutue, ça console. Elle me dit que Monsieur Pierre Junior sera là cet après-midi mais que Monsieur Édouard est arrivé et qu’il me cherche.

 

 

Je fais craquer les vitesses. J’ai du mal à passer de la 2ème à la 3ème ou alors c’est la 4ème que je passe directement – le camion crève un peu. On m’a lâché avec ce petit (ouf !) camion frigorifique sur les routes de Bruxelles. Les inconscients ! Ils ne savent pas ce qu’ils font. J’ai peut-être le « permis camion » mais pas l’âme d’un routier.

 

Horreur ! Les camions ne sont pas équipés de GPS ! Petit détail, pas vraiment : je n’ai aucun sens de l’orientation, j’vous jure ! Je suis lâché dans Bruxelles… Je dois passer au contrôle technique… un chauffeur m’a expliqué la route : j’ai déjà oublié… stressé à bloc… j’ai trop bu de caoua… maudit caoua ! … déconcentré je suis… keske j’fous là ?

Je devrais être sur la scène du Casino de Paris en train de répéter pour mon passage du soir et j’suis dans ce putain d’camion ! Je suis perdu ! PAUMÉ !

Je demande mon chemin à plusieurs personnes… Les gens à Bruxelles connaissent juste le nom de leur rue (et encore !) je dois pisser (ben oui j’ai bu deux litres de café !) Comment pisser dans Bruxelles ? Rentrer dans un bistrot ? Et comment parquer le bahut ? Je n’y tiens plus ! … je vais me trouver un bosquet ou un buisson… Oh oui ! Y faut que je me trouve un bosquet ou un buisson…

Il y a un petit parc au bout de cette chaussée, je me gare au bord, mets les feux de détresse (c’est le mot !), et cours derrière un arbuste, je suis à vue d’un côté ! Merde ! Une vieille femme sur un banc plus loin tape un œil. Tant pis j’en peux plus ! J’ai à peine commencé à me soulager que j’entends un gros klaxon ! C’est pour moi ça ? C’est mon camion ! je sursaute. J’essaie de finir. Un dernier jet finit dans mon pantalon, et je me griffe les bras à sang en traversant les picots du buisson pour me précipiter vers le camion. Il y a un tram derrière ! J’ai pas fait gaffe et je me suis arrêté sur les rails ! Je bloque toute la circulation ! TUUT TUUUT  ! Y a une voiture de flics un peu plus loin (y en a partout !).

Je démarre ! J’écrase presque un piéton ! Je cale ! Je redémarre. Je cale. Je trouve plus la 1ère ! Je redémarre pour de bon. Je suis en nage et mon pantalon aussi. Il fait lourd. C’est la fin du mois de mai.

Je m’arrête un peu plus loin sur un arrêt de bus pour reprendre mes esprits. Mais qu’est-ce qui m’arrive ? C’est quoi cet enfer ?

 

Je finis par me ressaisir. Je redemande plusieurs fois mon chemin… Enfin je suis dans la file de ce putain de contrôle technique. Quand je pense que Monsieur Édouard m’a dit qu’il y en a pour une heure à tout casser, c’est juste à côté, facile à dire calé derrière un bureau et quand on est né à Bruxelles. Je lui dirai qu’il y avait foule, je sais très bien jouer la comédie. Normal.

 

Le camion est passé sans problème. Un des mécanos a dû lui-même allumer les phares, j’ai chipoté partout sur les manettes, et c’était un petit bouton à gauche du volant.

Je rentre chez TopGel. Je fais toujours craquer les vitesses. Il est presque midi.

– Eh bien y avait du monde ! lâche Monsieur Édouard.

– C’est le moins qu’on puisse dire, la foule des grands jours.

– Bizarre pour un lundi matin…

Je ne relève pas. Il me dit que je peux aller dîner et qu’on verra ce que je ferai l’après-midi (pas un gros camion ! mon Dieu ! pas un gros camion !).

 

Après la pause je retourne au comptoir des chauffeurs dans le bureau, c’est là qu’on doit attendre, m’a bien précisé Gérard et pas dans le bureau même, Monsieur Édouard a horreur de ça. Ok pigé. J’attends et personne en vue. Je fais un petit tour. J’observe les frigoristes bottés comme des esquimaux faire des allers et retours des frigos aux hangars avec des palettes de marchandises, et les magasiniers préparer les commandes et charger les camions.

J’en ai marre d’attendre, d’être là perdu comme un plouc. NON ce boulot n’est pas pour moi ! Je ne suis pas à ma place ! Ça tombe bien j’ai pas encore signé. Je vais lui dire que je reste pas. Ce n’est pas possible. Et tant pis pour Sylvie. Je lui dirai que j’irai aux cours du soir… ouais c’est ça… des cours du soir c’est bien… en informatique ou en marketing… ouais c’est ça en marketing c’est bien…

 

Un chauffeur rentre. Il a un faux air de Charles Bronson. Ouh la ! Un chauffeur dans la ville ! Il me fait un signe de la tête qui veut dire « Salut », il balance ses papiers sur le comptoir. « J’ai fini, j’me casse » lâche-t-il.

 

Monsieur Édouard débarque vers 14h45.

– Désolé j’étais en réunion.

J’apprendrai plus tard que pour lui la plupart du temps « être en réunion » le lundi, c’est aller traîner avec un pseudo client ou la fameuse Myriam (quand je vous disais qu’elle était bandante) dans des restos. D’ailleurs il a l’air moins speed, détendu même. Il se balance sur sa chaise.

– Alors André ça te plaît chauffeur ?

– Alain c’est Alain euh… c’est-à-dire que je crois…

– Alain ah oui ! Eh bien c’est très bien ! Écoute pour aujourd’hui c’est bon tu peux rentrer, t’aurais dû aller au recyclage chez Véalia avec des palettes de périmés mais j’ai oublié de leur confirmer le rendez-vous vendredi. Pour ton contrat l’agence intérim te contactera, on ne fait plus de contrat à durée déterminée, trop de paperasse ! On passe par une agence now… Passe chez Myriam, elle va te filer une little farde avec le règlement d’ordre intérieur de la boîte et la note aux chauffeurs concernant les temps de conduite et tutti quanti… allez à demain 7 heures ! Bon après-midi !

– … Merci. À demain Monsieur. Bon après-midi.

 

 

Voilà j’étais chauffeur-livreur.